Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les travaux personnels de SunChao
3 janvier 2010

Un musée imaginaire

Les œuvres que j’ai choisi de présenter ont tous un lien personnel qui me lient à elles. J’ai choisi des œuvres qui me « parlent » personnellement, mais aussi des œuvres qui m’ont appris quelque chose et qui ont troublé ma vision du réel, de l’irréel, de la vie, de l’art, de l’humain. S’il fallait choisir je dirais que ce qui m’intéresse le plus dans la peinture c’est l’homme… son corps, ses maladies qui le rongent, ses pensées qui le trahissent, ses angoisses qui surgissent, ses fantasmes honteux ou vicieux, ses rêves sans raisons ni réalité. L’homme écorché vivant sur une toile qui nous livre le plus profond des ses secrets et sentiments. Avec un œil sensible ou photographique ce qui est intéressant c’est de lire les œuvres au-delà de la simple couleur ou forme, comme Duchamp et le sens qu’il pouvait donner à de simple objet.

.

Marcel Duchamp

.

Pour Duchamp l’art est un champ comme un autre, il fait parti de la vie sans se placer au dessus. Il a désacralisé l’idée d’un art noble en cherchant à faire du « non-art ». Il fait de l’art un objet de recherche. Ainsi Duchamp, bien qu’étant considéré comme le plus grand artiste du siècle dernier, se considérait d’abord comme un homme avant d’être artiste.Il n’est donc pas surprenant de voir que durant sa vie il s’est intéressé à d’autres choses que l’art. Derrière les œuvres de Duchamp il y a une pensée, une critique, une interrogation ou un doute. Il doute de l’art traditionnel, il fait « l’urinoir » et pose la question : « qu’est ce que l’art ? ». Il doute des habitudes et des fonctions figées, il fait l’œuvre spatial « porte », une porte ni fermé, ni ouverte, à la fois fermé et ouverte. Il doute des sciences et de l’autorité, il fait l’œuvre « 3 standard stoppages ». Rien n’est immuable et congelé, les standards sont anthropiques, l’homme fait des choses ce qu’il veut.

   Même en peinture Duchamp a su interroger les représentations usuelles. A travers « nu descendant un escalier No.2 » durant la période cubiste il a non seulement peint un corps en mouvement qui s’oppose aux représentations statiques du nu, mais également peint d’une manière à décomposer le mouvement du corps mécanique, par rapport à la société industrielle de l’époque aux USA. L’œuvre a une portée sociale proche de l’homme bien au-delà du champ de l’art. En apportant du mouvement à la peinture, il a également révolutionné la peinture cubiste qui fige les mouvements de manière géométrique, tandis que Duchamp par le mouvement apporte une fluidité. 

Dans la pensée de Duchamp l’art s’exprime de manière tangible, mais peut aussi exprimer le monde invisible, comme si le sens d’un objet était plus fort que sa conception physique. Le « rien » est parfois mieux que la chose.

La conception de l’art et la pensée de Duchamp ressemblent à la pensée de Lao-Tseu (philosophe chinois dans la Période des Printemps et Automnes, milieu du VIe siècle av. J.-C. – milieu du Ve siècle av. J.-C). La pensée de Lao-Tseu relève d’une dialectique. N’importe quelle chose possède une nature propre, et se développent suivant la loi de la nature  « migrer suivant le temps, transformer suivant les choses (le contexte) ». Ainsi toutes choses (tous standards selon Duchamp) est évolutive et n’est pas figée.

Sa pensée principale est « Ne rien faire et tout est fait ». Il ne s’agit pas d’une passivité complète, au contraire il explique qu’il n’y a aucune action contre-nature si elle découle de la vie. Le « rien » est d’abord ce qui existe déjà, il faut discerner son essence et suivre spontanément la force naturelle des choses.

Lao-Tseu utilise souvent l’eau comme une métaphore pour décrire sa pensée. Les caractéristiques de l’eau qui se laisse couler expriment le mieux le principe du « Ne rien faire » qui soit contre-nature. La goutte d’eau semble être une des choses les plus faibles du monde, mais elle peut avec le temps percer goutte à goutte la pierre la plus dure.

Le plus faible n’est pas forcément la chose qui possède le moins de force comme le plus banal n’est pas forcément la chose qui est le plus dénuée de sens ou d’intérêt selon Duchamp.

.

                Fontaine_Duchamp

Titre : Fontaine

Auteur : Marcel Duchamp

Technique : Object tout fait

Dimensions : H : 63cm L : 48cm W : 35cm

Date de création : 1917

Lieu de conservation : Musée national d’Art moderne

.

                           Duchamp_door

Titre : Porte, 11, Rue Larrey, 1927

Auteur : Marcel Duchamp

Technique : Object tout fait

Dimensions :

Date de création : 1927

Lieu de conservation :

.

  En général, la porte est ouverte ou fermée. Mais Duchamp brise le phénomène habituel. La porte est ouverte et en même temps fermée. Dans la pensée de Duchamp, il y a une dialectique. S’il y a quelque chose bon, il y a quelque chose de mauvais comme il existe un masculin et un féminin. Selon la philosophie chinoise : toutes les créatures dans l’univers se constituent d’un yin et d’un yang. Lao-Tseu disait que si l’essence et le principe de l’univers étaient exprimés par des mots, ils perdraient leur sens complet et leur universalité. Si on attribut un nom ou une fonction comme le cas précis de la « porte » l’objet perd de sa richesse alors que chaque chose possède une universalité en perpétuel interrogation.

Publicité
Publicité
Commentaires
les travaux personnels de SunChao
Publicité
les travaux personnels de SunChao
Publicité